Le Sud et l'Est de la Côte-d'Ivoire sont occupés par différentes branches de la famille Akan(Lagunaires et Baoulé-Agni), dont le centre de gravité se trouve au Ghana et dont quelques avant-gardes existent au Togo et au Bénin .
Situé précisément au centre-est et au sud-est de la Côte-d'Ivoire, le groupe Akan est réparti territorialement en trois grands groupes:
Les Akan frontaliers(est)
Ces populations se retrouvent de part et d'autre de la frontière du Ghana et de la Côte-d'Ivoire . Ce sont : les Abron(Ahenfié, Foumassa, Pinango, Akidom), les Agni(Bini, Bona, Indénié, Morofwé, Sanwi), les Juaben(Diabè), les Essouma et les Nzima(Évalué, Ajomoro, Guira, Ahanta) .
Centres urbains : Abengourou, Bondoukou, Aboisso, Bongouanou, Krindjabo, Maféré, Ayamé, Assuéfri, Transua, Arrah, Nguiémé, Nouamou .
Les Akan du centre
Le nom de ce groupe vient du fait qu'il occupe le centre de la Côte-d'Ivoire . C'est la grande famille des Baoulé : (Ouarebo, Agba, Ngban, Faafoué, Nzikpri, Aïtou, Nanafoué, Saafoué, Akouè, Ndranoua, Satikran, Goli, Ayaou, Anno et Annoabè)
Centres urbains : Sakassou, Bouaké, Dimbokro, Toumodi, Tiébissou, M'Bahiakro, Tiassalé, Daoukro, Bouaflé, Béoumi, Prikro, Ouellé.
Les Akan lagunaires(sud)
Le terme lagunaire donné à ces ethnies vient du fait qu'elles sont installées autour du vaste complexe lagunaire formé par les lagunes Ébrié, Oualadine, Aby, Tano(Tando), Éhy, Potou, Aghien et celle de Grand-Lahou. Ce sont : les Abè(Morié, Tchofou, Abévé, Khos), les Abidji, les Abouré(Éhé, Éhivé, Ossouon), les Akyé(Lepin, Bodin, Ketin), les Adioukrou, les Avikam, les Alladian, les Ébrié(Bidjan, Kwè, Songon, Niangon, Yopougon, Bya, Nonkwa, Bobo, Adiapo),les Ewotire et les Éga .
Traits particuliers : L'organisation politique des lagunaires repose en grande partie sur les classes d'âge qu'ils ont su mieux organiser que les autres Akan(Adioukrou, Akyé, Abouré, Ébrié). Tous les lagunaires ont, dans leur calendrier, une semaine de six jours.
Centres urbains : Abidjan, Agboville, Adzopé, Akoupé, Bingerville, Grand-Bassam, Dabou, Adiaké, Grand-Lahou, Bonoua, Jacqueville, Moosou, Orbaff, Ousrou, Dibremou, Memni, Alépé .
Peuvent être rattachés à ces trois grands groupes, les Tchokossi et les Yaourè .
Les Tchokossi
Au Togo, à Sassané-Mango, vit une population Agni-Baoulé d'origine. Ces émigrés ont conservé leur langue avec des apports linguistiques mandé; ce groupe appelé Tchokossi par les voisins, se nomme Annofwo(originaire d'Anno); Ils viennent en effet de Mango-Toula(Mango région forestière) par opposition à Mangodara, ville se trouvant en zone de savane(Burkina Faso). Les Tchokossi sont des ivoiriens d'origine; peuple islamisé et possédant des lettrés de longue de date, leur histoire mentionne qu'en l'an 1129 de l'hégire, une fraction importante, accompagnée des ressortissants d' autres ethnies(Morofwe, Djimini, Koulango, Malinké et Abron) de Kong, de Bondoukou et de Bouna, conduite par les princes Nabenan(Bomo) et Nasoman, était partie de Mango-Toula(pays Anno) se réfugier à Sassané-Mango(enclos des Mango) au nord du Togo .
Les Akan Yaourè
Les Yaourè figurent parmi les Akan établis de longue date en Côte-d'Ivoire; Ils étaient là bien avant les Baoulé. Leur nom viendrait de Yéwolè(nous étions là ou nous sommes originaires) ou de Yawarè, du nom de leur ancêtre de sexe féminin, lointaine parente du roi Opokou Ware de Kumassi.
ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES DES AKAN
En Côte-d'Ivoire, les Akan sont installés en région de savane, de forêt et sur le littoral marin . Chacune de ces régions possède des activités économiques propres.
Les paysans des régions de savane boisée cultivent des produits vivriers et industriels : Igname, maïs, riz et coton. Les habitants des régions forestières du centre, de l'est et du sud ont des produits vivriers : Banane de cuisine, igname, manioc, taro, maïs, mais possèdent aussi de riches plantations de café, de cacao, de palmier à huile, de cocotier et de kolatiers.
Les populations du littoral marin sont pêcheurs de lagune et de haute mer, paysans et planteurs . Les lagunaires, en plus des produits de la pêche, cultivent les mêmes produits vivriers et industriels cités plus haut . La nourriture de base est l'igname pour les habitants de savane et la banane de cuisine pour les habitants des régions forestières.
Le saviez-vous ?
• La majorité des Akan réside au Ghana : ce sont les Ashanti, les Adansi, les Dinkyra, les Brong, les Fanti, les Sefwi, les Aowin, les Nzima, les Akwapin, les Buem et les Kwahu .
Kan (parler)
Les dignitaires du groupe Akan, en assemblée, ont l'habitude de parler par personne interposée; le personnage qui joue ce rôle se nomme Okyame (maître-de-parole) , beau parleur, instruit des coutumes et traditions du pays, Okyame se tient en principe debout au milieu de l'assemblée; Il donne la parole à tour de rôle aux différents orateurs et conclut leur exposé par des périphrases dans lesquelles le terme akan (il a dit, telle est son opinion, telle est sa conclusion, c'est dans ce sens qu'il est intervenu, etc...)revient constamment . Pendant le temps que dure la réunion, le terme akan ne quitte pratiquement pas sa bouche au point que ce mot est le seul que retient un individu qui ne comprend pas la langue; C'est ainsi que akan (il a dit) a fini par désigner ce vaste ensemble ethnique.
Kaein (aîné, premier)
Les anciens qui donnent cette version estiment que les Akan sont l'une des ethnies qui, en Afrique de l'Ouest, ont mis en place et organisé une civilisation digne de respect . Akan , dans ce contexte, signifie peuple de vieille civilisation . Les Akan restent convaincus que leur civilisation est la première en date des civilisations du golfe de Guinée; ils font remarquer que jusqu'à la seconde guerre mondiale, leur organisation est restée celle qui reçut le moins d'apports extérieurs, elle fut le moins influencée, aussi bien par le christianisme que par l'islam . Si leur civilisation a résisté, disent-ils, c'est qu'elle est plus forte, mieux structurée et mieux organisée.
Kann (peuple élu)
Selon d'autres sources, le terme akan vendrait de kann (peuple élu) . Cette version n'est pas éloignée de la seconde : Peuple de vieille de vieille civilisation, peuple aîné. Cette thèse trouve son explication dans le fait qu'à l'origine le terme akan ne désignait qu'un nombre restreint de membre. Le twi parlé par ce noyau est regardé par les autres ethnies de même cercle culturel comme étant la forme la plus raffinée; Étayer un discours de proverbes twi-akan est un signe de bonne éducation et de grande culture intellectuelle. L'opinion est la même que celle qu'on se fait en Europe d'un auteur qui émaille son discours de citations grecques et latines.
La tradition historique enseigne que seuls quelques membres de ce noyau dominèrent l'ensemble des ethnies parlant le twi ; Les premiers en date furent les Adansi, il y eut ensuite le règne des Dinkyra et enfin celui des Ashanti, qui ne prit fin qu'avec la période coloniale . Le terme akan (peuple élu, peuple de vieille civilisation) trouve son explication dans ce fait historique; Groupe dominant, il avait réuni et codifié les éléments culturels positifs de l'ensemble des ethnies de langue twi.
Quelques suppositions sur le peuple Akan
PAYS D'ORIGINE DES AKAN
Selon E. Meyerowitz, les fondateurs des États akan furent des descendants des Dia ou Za, des Berbères de Libye et des Gara, qui étaient installés dans la région du Tibesti . Aux alentours du XI ème siècle, ils auraient émigré vers le Sud, sous la poussée des Touareg, eux-mêmes repoussés par les Arabes lors de la conquête de l'Afrique du Nord. Ces premiers ancêtres se fixèrent tout d'abord dans la boucle du Niger, où ils firent souche et se mêlèrent aux autochtones nègres. Or après l'islamisation des Berbères, le premier noyau du groupe akan dut, une nouvelle fois s'exiler encore plus au Sud, parmi les Grusi.
Pour Baumann et Westermann, la civilisation de ces peuples leur a été imposée par des groupes d'une race dominante à matriarcat venus du Nord qui ont conquis cette partie de la côte; Ces conquérants étaient visiblement apparentés, en premiers ligne, aux dynasties à matriarcat des grands États soudanais, et en seconde ligne, aux Libyco-Berbères(à matriarcat)de l'Afrique du Nord.
Notons en passant que Meyerowitz et Baumann ne donnent pas les raisons qui les font dire que les Akan descendent des Berbères Dia et Za .
Pour J. Ki-Zerbo : "Vers l'an 500, dit une autre légende, des princes Berbères ou des Arabes ou Yémen seraient arrivés sur les bords de la boucle du Niger et ils auraient débarrassé les riverains(pêcheurs Sorko et paysans Gabibi) de la terreur d'un poisson-fétiche, dont les pêcheurs Sorko se servaient pour extorquer de substantielles offrandes à leurs compatriotes cultivateurs, les Gabibi. Ces clans semblent être remontés du Dendi en aval du Niger, où ils avaient baptisé les deux rives ouest et est, respectivement le Gourma et le Haoussa; ils seraient parts originellement des parages du Tchad... Vu la minceur de cet apport extérieur, trois personnages selon la légende du Yémen, quelques groupes de commerçants, d'après Al-Bakri, durent être assimilés rapidement par les Songhaï".
L'opinion de Meyerowitz et de Baumann repose sur le fait que des populations d'origine berbère, connaissant le matriarcat, seraient descendues au Sud; Et comme les Akan connaissent un régime parenté à peu près similaire, ces auteurs n'ont pas, un seul instant, manqué d'affirmer que ces purs nègres étaient des descendants des Berbères. Cette conclusion est discutable dans la mesure qu'elle ne porte d'une part que sur un seul fait, et d'autre part la matrilinéarité n'est pas le régime de parenté des seuls Akan; En effet, hors de la région forestière, des populations de la savane ivoirienne(Djimini, Tagwana, Koulango et Lobi)connaissent ce système de filiation. Plus loin en Afrique Centrale, la grande famille des Bacongo(Bantou) est également matrilinéaire, ainsi que des groupements humains moins importants.
L'histoire et la sociologie apprennent que si des populations animistes changent facilement de religion, d'habitudes de vie et de nom, il n'en est pas de même des communautés chrétiennes et musulmanes. Nulle part en Afrique de l'Ouest on ne signale la présence de populations islamisées de longue date(Berbères, Touaregs et Maures) retournées purement et simplement à l'animisme. Les populations d'origine peule intégrées aux communautés nègres de Mauritanie, du Sénégal, du Mali, de la Guinée, du Niger et du Burkina Faso ont conservé leur langue, leurs noms et leur religion . Le twi , langue des Akan, est différent des langues sémitiques de l'Afrique du Nord; La grande majorité des populations akan et leurs chefs restent encore animistes.
Ces faits que nous mentionnons sont, historiquement, récents; Nous pensons que le peuple akan, jusqu'à preuve du contraire, n'est le produit d'aucun métissage de race, à l'opposé des peuls, des Touaregs et des Maures
L'opinion des Akan, quant à leur origine, reste différente des versions mentionnées plus haut; leur tradition orale ne mentionne nulle part que ce peuple descend des populations de race blanche; Ils reconnaissent cependant que leurs ancêtres venaient du nord, d'une région ou d'un pays appelé Agniwan-gniwan . De nombreuses localités portent ce nom tant au Ghana qu'en Côte-d'Ivoire, pour certains, ce terme désignerait un village abandonné après la défait des Dinkyra face aux Ashanti . D'autres estiment que si ces localités portent ce nom, c'est en souvenir du pays d'origine situé plus loin dans le temps et dans l'espace. Les Akan reconnaissent avoir connu de nombreux déplacements en Afrique de l'Ouest, déplacements dus aux guerres de domination que leurs différentes ethnies se livrèrent tout au long de leur histoire et reconnaissent également avoir eu de nombreux rapports avec leurs voisins immédiats : Gonja, Mamprusi et Dagomba au nord, Krou et Dan à l'ouest, Ewé et Ga au sud.
Un fait demeure certain : les ancêtres de cette population ont vécu au Sahara; C'est de cette région qu'ils vinrent en région de savane et de forêt.
On ignore à quel moment les premiers Akan s'installèrent dans le golfe de Guinée; Mais nous savons de façon certaine que les chercheurs miniers de la SODEMI d'Abidjan ont mis à un jour, dans les régions lagunaires de la Côte-d'Ivoire, des restes humains non pygmoïdes associés à des objets d'art en or d'origine akan . Ces éléments archéologiques furent envoyés en Suède, à Upsala, pour être datés; le carbone 14 révéla que certains éléments humains étaient vieux de plusieurs siècles avant notre ère(-1.200) . Il est clair que, avant le Christ, des ethnies akan existaient en Côte-d'Ivoire.
Situation du pays d'origine
Les Abouré, les Essouma, les Indénié, les Morofwè, les Nzima et les Sanwi se souviennent encore que leurs ancêtres viennent d'un pays appelé Agniwan-gniwan; Ils situent ce pays au nord du Ghana et de la Côte-d'Ivoire. Dans ces conditions, leur pays d'origine serait dans une région plus septentrionale.
Nature du pays d'origine
Le terme Agniwan-gniwan , étymologiquement, signifie sable-sable, sable à perte de vue . Nous avons pensé que ce nom ne pouvait désigner que le chemin du bord de la mer emprunté par quelques clans pour se rendre du Ghana en Côte-d'Ivoire; finalement, il ne peut pas s'agir du chemin sablonneux du littoral marin car la côte atlantique ne se trouve pas au nord du pays Abouré, du pays Agni et du pays Nzima; il se trouve au Sud. Les Nzima ont longtemps séjourné chez les Brong(centre-ouest du Ghana) avant de descendre sur la côte . Le terme Agniwan-gniwan nous incite à croire que le pays d'origine des Akan est un pays sablonneux se trouvant au nord du Ghana et de la Côte-d'Ivoire .
Éléments culturels
Les peuples de civilisation akan ont dans leur dja (paquet contenant le trésor du royaume et des poids à peser l'or) de petites figurines en bronze communément appelées poids à peser l'or . Certaines figurines comportent des signes graphiques identiques aux lettres de l'alphabet tifinar, libyque et saharien; Les signes akan sont également identiques aux marques que les populations Daza et Azza du Niger, du Tchad et de la Libye utilisent pour marquer leur bétail. Au Niger et au Tchad, ces signes sont des marques de familles et de clans.
Tous ces signes, ces marques et ces lettres d'alphabet ne se rencontrent que dans des pays situés au nord du pays akan, dans des régions se trouvant au coeur du Sahara et comportant de très grandes étendues de sable; Ces faits méritent d'être mentionné car ils sont très importants dans l'histoire du pays akan.
Dans les régions forestières du golfe de Guinée, les Akan restent les seuls à détenir ces précieux éléments culturels. La tradition orale des Akan ivoiriens les fait venir du Ghana; Les recherches écologiques, linguistiques et historiques entreprises au niveau des universités, de part et d'autre des deux pays, montrent que les ancêtres des Akan, avant de se rendre dans la partie Ghanéenne à la recherche de terres forestières plus fertiles, étaient installés dans le V Baoulé, en région de savane. L'histoire dit qu'avant d'aller fonder Kokofu, Bekwai, Juaben et Nsuta au Ghana, les ancêtres du clan royal Oyoko de Kumassi venaient d'un royaume nommé Kumbu(Comoé), situé entre le Comoé et le Bandama; cette région se trouve présentement en Côte-d'Ivoire; Les linguistiques nous apprennent également que le twi parlé par les Akan ivoiriens est plus archaïque que celui parlé au Ghana.
Des régions sahariennes ou sahéliennes, les ancêtres des Akan étaient venus s'établir à l'emplacement de l'actuel V Baoulé; Ainsi, une importante fraction est partie au Ghana, en région de forêt, à la recherche de terres plus fertiles, là-bas, les guerres intestines obligèrent certains clans à faire marche arrière.
TRAITS CULTURELS COMMUNS DES AKAN
En principe une ethnie qui possède et connaît l'essentiel des institutions mentionnées ci-dessus est en droit de se considérer comme Akan d'origine ou de civilisation :
La langue
Les Akan parlent twi ; linguistiquement, les groupes qui se comprennent plus ou moins sont :
• Les Agni-Baoulé
| Abron | Abidji | Abouré | Ayaou | Anno | Agni | Baoulé | Essouma | Ewotiré | Juaben | Yaourè |
Les Akyé-Abè
| Abè | Akyé | Ébrié | Éga | Mbato | Krobou |
Les Avikam
| Alladian | Avikam |
La parenté
Le système de parenté qui a la faveur de l'ensemble des Akan, est la double-parenté ou double-filiation, contrairement à l'opinion généralement émise. Dans ce système, l'enfant garde des liens solides aussi bien de son matrilignage que de son patrilignage.
Pour se marier, la demande en mariage du jeune homme incombe au clan du père; C'est également ce clan qui reçoit la demande en mariage de la jeune femme. La compensation matrimoniale est donnée ou reçue par le clan paternel; Au moment du divorce, les dettes de toutes sortes contractées par l'épouse sont remboursées par le clan maternel de l'ex-épouse.
L'enfant né dans le mariage demeure membre du clan de sa mère; les Akan partent du principe que la paternité reste toujours difficile à prouver alors que la maternité ne se discute jamais, elle demeure visible pendant neuf mois ou plus; Mais c'est le mari qui a la garde des enfants, c'est également lui qui assure leur éducation.
Le nom
La dation du nom est un privilège du lignage paternel; Tout Akan, en principe, possède au moins trois noms : Un nom d'ordre de naissance, un nom de jour de naissance et un nom patronyme.
Les successions
Les successions de toutes sortes se font dans le clan de la mère, de frère à frère utérin et d'oncle à neveu utérin. Dans quelques rares cas, le fils peut hériter de quelque bien du père : domicile paternel; c'est là, en cas de décès du père, qu'il achève l'éducation de ses jeunes frères .
La religion
Les Akan sont animistes mais n'adorent que des divinités naturelles(divinités des cours d'eau : Tanoé, Bia, des divinités de montagnes, de forêts) et des êtres surnaturels(géants et nains); Ils connaissent le culte des ancêtres.
La fête des ignames
L'igname est la seule plante vivrière qui possède ce privilège; La fête des ignames est une manifestation culturelle connue de la majorité des Akan. Cette cérémonie globale n'arrive qu'une seule fois l'an, sa date n'est la même partout. L'origine de cette cérémonie n'est pas connue de façon satisfaisante ; cette cérémonie vise trois objectifs :
• Elle est d'abord une action de grâce rendue par les vivants aux esprits bénéfiques auxquels la terre doit la paix et la fécondité .
• Elle est ensuite la commémoration des morts qui ne cessent de veiller sue les hommes et de leur procurer tout ce qui leur est nécessaire pour vivre heureux .
• Elle est enfin pour le peuple Akan une occasion de purification et de réjouissance dans la paix et l'abondance retrouvées .
La royauté, l'État, la Nation
La monarchie est la forme de gouvernement qui la faveur des Akan, mais de préférence une monarchie oligarchique; Elle peut être importante et se situer au niveau de plusieurs provinces ou se limiter à un seul village. La fonction du roi est divine; la royauté est symbolisée par trois objets matériels : Le tabouret, le cimeterre(sabre), et le dja (collection de poids à peser l'or ou trésor du royaume).
• Le Tabouret
Le tabouret symbolise l'autorité, le pouvoir temporel et spirituel du roi; les Akan disent : "là où il n'ya pas de tabouret, il n'ya pas de roi, le village où réside le tabouret devient le chef-lieu du royaume; Le roi est mortel, le tabouret est permanent".
Le cimeterre (sabre)
Il symbolise le pouvoir militaire du roi, chef suprême des armes; c'est avec le sabre( ôhôtô ) que les peuples soumis et leurs chefs prêtent serment de fidélité et d'allégeance; Le sabre reste également le symbole de messager du roi.
Le dja (trésor du royaume)
Le dja symbolise le monde, les états de conscience des rois défunts et le pouvoir économique du souverain régnant; C'est dans le dja que les Akan ont consigné la somme de leurs connaissances par images et par écrits(pods à peser l'or).
Le pays akan possède plusieurs royaumes plus ou moins importants; on peut citer les royaume Abouré de Moosou et de Bonoua, le royaume Agni de Bettié, le royaume Anno, le royaume des Juaben, le royaume des Morofwé, le royaume de Bini et celui de Bona . Les plus importants restent les royaumes Abron de Bondoukou, celui des Baoulé à Sakassou et celui des Indénié à Abengourou.
Le roi peut être un homme ou une femme; dans le premier cas, les coutumes autorisent parfois de placer à côté du souverain, chef suprême, un roi-femme(mère, tante, cousine ou soeur du monarque régnant); Ce personnage administre effectivement une principauté du royaume. Un royaume peut être fondé par un homme(Bondoukou) ou par une femme(Sakassou).
BON À SAVOIR
• Le royaume Abron de Bondoukou
Les Abron installés dans la région de Bondoukou sont originaires d'Akwamu(région située au sud-est du Ghana, près du fleuve volta); un conflit de succession au trône décida la branche cadette des parties en présences à émigrer à l'ouest, elle alla d'abord se réfugier à Kumassi; mais l'alliance avec les Ashanti ne fit pas long feu, chassés par ces derniers, les Abron s'installèrent dans la région de Dôma(Wam) au Ghana; Toujours poursuivis par les Ashanti, ils vinrent finalement demander asile politique aux Nafana de Gontougou(Bondoukou) . Leur chef Tan-Date fit serment d'amitié, de non belligérance avec le chef Akomi des Nafana; C'est à ce moment qu'ils reçurent le surnom de Gyaman(ceux qui ont abandonné le pays) par leurs parents restés au Ghana . Installés à Zanzan, leur premier village en terre ivoirienne, les guerriers Abron entreprirent une série de guerres de conquête; Ils soumirent les Nafana, les Koulango de Nassian et ceux de Bouna . Les Abron installèrent de cette façon un royaume puissant, bien organisé et prospère; Dans ce pays la succession au trône principal se fait dans le clan maternel(d'oncle à neveu ou de frère à frère utérin), tandis que celle au trône de province se fait dans le clan paternel(de frère à frère ou de père à fils). La guerre de conquête contre les Anno échoua, le roi Koffi Fofié, fait prisonnier, fut mis à mort avec toute sa suite . Son tabouret et ses tambours se trouvent à Famienkro comme trophées de guerre.
Dans le royaume abron, chaque roi installe le chef-lieu du pays dans un village de son choix; Ainsi, Zanzan, Yakassé, Erebo, Amanvi, Tabagne, Assuéfri etc... furent à tour de rôle capitales . C'est un royaume bicéphale, après le règne d'un Zanzan, c'est un Yakassé qui lui succède.
Mécontents de voir un puissant royaume se développer en-déçà de la rivière Tain, les Ashanti une première expédition punitive contre les Abron; Le roi abron Abo-Mri fut tué à Kong au combat à la tête de son armée . Lors de la seconde expédition, l'armée d'Adingra Kuman fut détruite sur la rivière Tain près de Bondoukou; ces revers contre les Ashanti placèrent le royaume abron en état de vassalité jusqu'en 1874, date de l'arrivée des Anglais; Les Abron furent également soumis à Samory en 1895 .
Le royaume de Abron-Gyaman existe toujours, malgré son infortune de Bondoukou reste le plus puissant et l'un des mieux organisés de toute la Côte-d'Ivoire .
Le royaume Baoulé de Sakassou
Les membres du clan royal baoulé, ayant à leur tête la princesse Abla Pokou, venaient directement de la cour de Kumassi(Ghana). Ce royaume n'a émigré qu'à la mort du roi Osei Toutou; Daaku, frère aîné d'Abla Pokou, était prétendant au trône défunt au même titre que son cousin Opokou Ware; Battu dans la course au trône, Daaku mourut quelque temps après l'avènement de son cousin . Abla Pokou quitta clandestinement le pays parce qu'elle n'avait plus son frère et unique défenseur; elle fut obligée d'émigrer pour sauver sa vie ainsi que celle de son unique fils . Aidée par des sympathisants, elle quitta le royaume de Kumassi une nuit de grandes pluies .
L'histoire raconte que poursuivie par des soldats de son cousin, Abla Pokou ne fut sauvée qu'après avoir sacrifié son fils unique au génie du fleuve Comoé en crue; C'est après ce sacrifice du fils et la traversée du fleuve que les fugitifs se donnèrent le nom de Ba-oulé . Se sentant en sécurité de l'autre côté du fleuve, la princesse, devenue reine, organisa sa suite en huit clans(Ouarébo, Nzipbri, Saafwè, Faafwè, Manafwè, Aïtou, Agba et Ngban) . Les clans qui ne figurent pas sur la liste sont de formation récente et sont issus de Baoulé et de Gouro, de Malinké ou Sénoufo.
Affectée par le sacrifice de son fils, épuisée par la longue et pénible marche à travers la forêt, malade, Abla Pokou mourut très tôt à Niamenou . Sa nièce Akwa Boni lui succéda, elle installa les clans aux quatre coins du pays et entreprit aussitôt des guerres de conquêtes pour élargir les limites du jeune royaume; Elle soumit des tribus Gouro, Sénoufo, Goli, Malinké et Alladjira(Dinkyra) . C'est au cours de l'une de ses nombreuses conquêtes, plus précisément de la conquête du Yaourè que la grande Akwa Boni trouva la mort .
Les guerres de conquêtes terminées, la reine imposa ses coutumes à ses sujets(nom, succession et matrilignage); elle adopta, en contrepartie, certaines habitudes de vie des sujets(danses, cultes et port de masques) . Les Baoulé créèrent ainsi une civilisation différente de celle de la cour de Kumassi; C'est à elle que le Baoulé doit sa configuration actuelle. La capitale du royaume est Sakassou(lieu de sépulture).
En guise de conclusion, nous pouvons dire que le pays akan est aujourd'hui encore la région la région la plus prospère de la Côte-d'Ivoire, et connaît un fort mouvement d'immigration; avec des migrants qui viennent de toutes les régions du pays, de tous les pays de l'Afrique de l'Ouest, Centrale, Est; mais aussi des pays non africains .Il est important de mentionner que la colonisation, la scolarisation, le développement économique, l'indépendance et les institutions républicaines ont fait subir à la région de profondes modifications à tous les niveaux.
Les Akan, peuple de vieille civilisation, s'adaptent plus ou moins bien à ces changements . Pour combien de temps encore résisteront-ils ? Se fondront-ils dans un ensemble national plus ou moins cohérent ou conserveront-ils quelques solides et respectables particularités ethniques? Nous sommes unique comme peuple, nous seul pouvont nous préserver.
mardi 3 avril 2007
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